Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/208

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chiens de leur quartier. C’est en vérité porter la charité bien loin. Les autres vertus ne leur soit pas inconnues. Il est peu de peuples où la bonne foi est plus exactement gardée. Ils sont esclaves de leur parole, & la différence de religion ne leur sert point de prétexte à tromper ceux avec qui ils ont des affaires d’intérêts.

Le respect que les Mahométans portent à leurs parents est digne de louange. On voit peu à Constantinople de ces fils qui font rougir la nature, & qui sont si communs dans le pays des Nazaréens. Un chef de famille chez les Turcs conserve sur ses enfans cette autorité qu’avoient nos anciens patriarches. Les Tartares & les Arabes sont encore plus zélés observateurs de l’obéissance filiale. Mais ce que je trouve de plus admirable, c’est le peu de penchant qu’ils ont à la médisance. Il est rare de les entendre se déchirer mutuellement les uns les autres. Ils ignorent l’art d’empoisonner leurs discours : leurs conversations ne sont point un tissu de calomnies, & un ramas d’histoires scandaleuses. J’ai réfléchi sur ce qui peut les avoir garantis de ce vice. Les hommes étant assez semblables dans tous les pays, je ne pouvois comprendre ce qui rendoit les Turcs exempts de ces foiblesses.