Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/220

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leur attire la haine de la plûpart des pontifes, qui sont fort attachés à leur chef ; & il regne entr’eux une éternelle mésintelligence. Le feu duc régent, lorsqu’il prit les rênes de l’état, se servit adroitement de cette désunion. Pour amuser dans les commencemens de son ministere, les parlemens, il leur livroit habilement quelques pontifes. Il sembloit approuver la punition & la rigueur qu’ils faisoient subir à la personne & aux écrits de quelques-uns. [1]

Lorsqu’il eut obtenu des parlemens ce qu’il en vouloit, il les accabla à leur tour. Il les exila même, & poussa le despotisme plus loin qu’aucun souverain. Les pontifes virent avec joie les malheurs de leurs ennemis, & oublierent leurs offenses en faveur de celles que recevoient les parlemens.

Le plaisir de la vengeance est le plus sensible aux ecclésiastiques ; ils ne perdent aucune occasion de nuire à ceux qui leur sont opposés : c’est-là un des vices auxquels ils sont les plus enclins. Ils vivent assez régulierement : leurs mœurs, en général n’ont rien de déréglé ; & si la haine & l’ambition étoient bannies de leurs cœurs, ils auroient peu de

  1. L’évêque d’Apt, dont le mandement fut brûlé & le temporel saisi.