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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/232

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trouvent le moyen de débiter ces livres, bons ou mauvais. Il leur importe peu que le goût du public soit gâté & corrompu par ce nombre d’écrits fades. Ils ne peuvent pas vendre des mains de papier blanc à ceux qui demandent sans cesse des ouvrages nouveaux. Ils leur donnent des romans écrits durement, sans conduite & sans caractere ; des poésies qu’Apollon ne dicta jamais ; & des histoires composées au hazard.

« Il est tel auteur qui se figure qu’il est de son métier, comme de celui d’un maçon. Il fait un livre, comme les autres font une muraille. Autant de pieds de maçonnerie, autant d’écus : autant de pages, autant de florins. Le maçon borne sa journée à trois toises : l’auteur la regle à trois feuilles d’impression ; tout lui est égal, pourvu qu’il remplisse son papier.

« Je me flatte que les livres que je vous ai envoyés, ne sont point dans le nombre de ceux qui sont écrits de cette maniere ; & j’ai tâché de ne choisir que ceux qui m’ont paru les meilleurs. »

Je ne sais, mon cher Isaac, si tu seras content des portraits que fait cette dissertation. Ceux des auteurs