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Porte-toi bien, mon cher Jacob ; & déplore avec moi l’imbécillité du vulgaire.

De Paris, ce…

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Lettre XXI.

Aaron Monceca à Jacob Brito.

J’ai répondu amplement aux premiers articles de ta derniere lettre. Je vais te communiquer les réflexions que j’ai faites sur les autres.

Si tu vivois à Paris, & que les mœurs des filles de l’opéra te fussent connues, tu ne condamnerois plus les Romains de ne point en souffrir dans leurs spectacles. Tu te récries sur trois cent courtisannes qui sont à Rome, & sur la dureté qu’il y a de priver des hommes du bonheur d’être peres, pour leur rendre la voix plus belle, & suppléer par-là au défaut de chanteuses. Je n’approuve point ces coutumes ; mais je soutiens qu’elles sont moins pernicieuses à l’état que les filles de l’opéra. Deux danseuses ou deux chanteuses dans les chœurs, causent plus de trouble & de scandale, font plus faire de banqueroutes aux marchands, de dettes aux seigneurs, &