Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/249

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un cœur dévoré de l’amour des richesses, & dépouillé des sentiments de la vertu quelles regardent comme une gêne importune.

Elles ont des manieres aimables. Le vice chez elles est semblable à un serpent caché dans une corbeille de fleurs. Ceux qu’un long usage a rendu savans dans leurs maximes, ne se laissent point toucher à ces appas extérieurs. Ils connoissent trop le fond de leur cœur pour être la dupe de leurs artifices. Mais un nombre de jeunes gens sans expérience, de vieillards sans jugement, donnent dans le piége qu’on leur tend. Ils sont d’autant plus difficiles à éviter, que ces sortes de femmes savent prendre le caractere qu’elles veulent. Prothée ne sut pas se déguiser sous un plus grand nombre de différentes formes qu’une fille de l’opéra.

A-t-elle envie de duper un vieillard, elle affecte pour tous les jeunes gens un mépris souverain. Elle se récrie sur l’imprudence des femmes qui s’abandonnent à l’indiscrétion d’un étourdi ; elle loue la prudence d’un homme d’un certain âge. Elle proteste qu’elle ne pourroit être sensible que pour quelqu’un dont les années eussent mûri le jugement.

Veut-elle plaire au contraire à quelque