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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/252

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avoue qu’il a tort, & joint de nouvelles chaînes aux premieres.

Les filles de l’opéra excellent encore dans l’art de ruiner leurs amans par les présens qu’elles en exigent. C’est une science qu’elles possédent en perfection. Elles ont fait de leurs rapines un art qui a ses regles : les vieilles chanteuses des chœurs sont les professeurs qui enseignent aux nouvelles venues ses préceptes & ses maximes. Lorsqu’elles veulent un diamant, un habit, une coëffure de dentelle d’Angleterre, elles vantent adroitement quelqu’un de ces bijoux ou de ces nippes qu’elles ont vû à une de leurs amies. Monsieur le marquis de ***, disent-elles, a fait présent à la Hermance d’un diamant ; & monsieur le comte de * * * a donné à la Campoursi un habit superbe. Ces femmes sont en vérité bienheureuses. Je ne sais pas si c’est leur fidélité qu’on récompense ; mais, je crois que si leur tendresse n’étoit payée qu’au juste prix, leurs amans seroient dispensés de faire ces présens.

Un homme amoureux, & qui craint souvent d’être déplacé, comprend aisément toute la force de ce discours.

Il envoie le lendemain un habit pareil à celui de la Campoursi ; & ce second habit occasionne le don d’un autre à toutes les filles de l’opéra. Il semble