Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/259

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de définir le vrai caractere d’un courtisan, que celui d’un autre homme.

« On inspire à tous les François qui sont nés au-dessus du menu peuple, les mêmes sentimens. Les parens, les précepteurs, leur répetent sans cesse, que l’honneur est le premier de tous les biens : que les richesses ne peuvent tenir lieu ni remplacer la perte de la réputation ; qu’il vaut mieux mourir que de vivre deshonoré : qu’un galant homme, un bon citoyen doit aimer son roi, sa patrie. Un gentilhomme de campagne n’explique pas ces maximes à son fils, aussi pleinement & en aussi bons termes qu’un gouverneur les débite à un jeune duc & pair : mais il les lui répéte plus souvent, & prend peut-être plus de soin de les lui faire pratiquer. Deux cent mille livres de rente, dont le duc doit hériter, ne sont pas les raisons qui le déterminent à goûter ces instructions salutaires avec plus de plaisir que le noble qui n’a que le nécessaire & qui regarde la vertu comme une partie de son appanage. Ainsi le tempérament seul décide entr’eux du mérite qu’ils peuvent acquérir.

« Quant à l’esprit & à la science le courtisan,