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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/273

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Celui d’aujourd’hui s’appelle le cardinal de Fleury. Rien ne m’oblige à le flatter ; mais il en est peu qui méritent des éloges plus purs. Il forma lui-même les mœurs de son souverain dès la plus tendre enfance ; il a fait du plus grand roi du monde, le plus honnête-homme de l’univers : caractere rare chez les princes à qui la vertu, la piété & la candeur paroissoient souvent des vertus ridicules. L’Europe entiere lui a rendu la justice qu’il mérite : les ennemis du royaume sont forcés d’avouer que depuis le cardinal de Richelieu, jamais le ministere de la France n’a été conduit avec autant de secret, de prudence & de bonheur.

Il est encore des ministres qui ont un rang inférieur au premier. On les appelle les secrétaires d’état. Ces places sont ordinairement remplies par des gens d’un génie supérieur. On tâche de choisir parmi les habiles gens de l’état les plus propres à occuper des charges aussi importantes. La nécessité qu’il y a que celui qui occupe une place de cette importance, soit capable de soutenir le poids des affaires, empêche les souverains de se déterminer uniquement par goût & par amitié.

Les courtisans en général sont aussi bas & timides devant les ministres, qu’