Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à ne point se livrer à cette foule de courtisans. Ils perdroient bien-tôt leur autorité, s’ils étoient moins attentifs à en faire sentir l’étendue. L’honnête familiarité, la cordialité ne peut être employée dans le commerce & la société d’un homme, qui, ne pouvant se tenir dans un juste milieu, ou rampe comme un esclave, ou trance du souverain.

Les mahométans ont pour leurs ministres autant de respect & d’attention que les François ; mais ils n’emploient point pour leur plaire ses basses flatteries qui sont si communes dans ce pays. Quelque pouvoir qu’ait un visir, & quelque rang que sa charge lui donne au-dessus de simples officiers, ils ne lui font point une cour servile : ils lui rendent les honneurs qui lui sont dûs, & conservent dans leur soumission un air de grandeur mêlé de modestie. Les Turcs dans toutes leurs actions observent une certaine bienséance qui prévient les gens en leur faveur.

Un courtisan paroîtroit à Constantinople un homme d’un caractere surprenant & indéfinissable. Il y a une différence infinie entre la cour de France & celle de la Porte. Les gens attachés auprès de la personne du sultan, par leurs charges & leurs emplois, ne le voient uniquement