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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/280

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malheurs publics. Lorsque la haine tombe sur tous ses sujets différens, elle s’affoiblit, & ne porte point à ces excès criminels qui ont coûté la vie ou la liberté à tant de sultans détrônés.

Je t’avois prié de vouloir m’apprendre s’il étoit vrai qu’Osman bacha fût mort. Je n’ai reçu aucune de tes nouvelles. Je serois curieux que tu m’éclaircisses là-dessus. On regarde ici ce bacha comme un homme fort extraordinaire. Il est estimé de quelques particuliers ; mais généralement on désapprouve ses mœurs, sa conduite & son changement de religion. Les gens du monde conviennent qu’il a de l’esprit infiniment : les moines lui refusent jusques aux notions les plus simples. Quoique leur caractere de partialité occasionne leur jugement,je leur pardonne en faveur du crime qu’ils condamnent.

Un galant homme doit vivre & mourir dans la religion où le ciel l’a fait naître. Il n’est excusable d’en changer que lorsqu’il est dans l’erreur. Quelques infortunes, quelques traverses qu’on essuie, rien ne doit nous ébranler. Tu sais que je t’ai dit cent fois que les querelles, les chagrins & les désagrémens qu’Osman avoit eus ne me paroissent point une cause légitime pour autoriser son changement. Je n’ignore pas que ceux qui