Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/299

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entre les nazaréens. Ils croient qu’un homme ne sauroit faire son salut sans le secours d’un prêtre.

Dès que ce moine eut acquis quelque crédit sur l’esprit de son nouveau pénitent, il se fit faire des legs pieux. Il se fit donner des aumônes destinées pour le secours des pauvres Indiens, pour le soulagement des missionnaires, pour la propagation de la foi, &c. Il fit chasser quelques domestiques de la maison, qui ne paroissoient pas assez attachés à son ordre, & qui avoient négligé de se faire recevoir des congrégations qu’il dirige. Il éloigna tous les parens qui avoient pu nuire à ses desseins.

Lorsque le moine ne put plus agir sur les gens, il voulut étendre son pouvoir sur les choses inanimées. Il fit un crime au prince Pamphile de la nudité des statues de sa maison de campagne. Il y en avoit près de quatre cens dans les jardins. Aussitôt il fut ordonné que, malgré les chaleurs de l’Italie, elles seroient habillées & vêtues sans pouvoir désormais se montrer nues, leurs vêtemens dussent-ils les défigurer. On couvrit donc tout ce peuple statuaire de draperies