Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/355

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plus nombreuse. Elle contient ce ramas de libertins & d’esprits-forts, dont la débauche, au lieu de l’étude & de la méditation, décide de la croyance. Il en est peu qui, au milieu de leurs égaremens, n’aient, malgré eux, des retours vers la vérité. Il faut, pour éviter les remords, qu’ils se résolvent à ne point faire usage de leurs yeux. Dès qu’ils les ouvrent, tout leur annonce la gloire du tout-puissant. S’ils les tournent vers les cieux, ils y contemplent, malgré eux, sa grandeur. S’ils les fixent sur la terre, ils y découvrent sa sagesse & son pouvoir. Comme ils n’ont pas la ressource des philosophes, & qu’ils ne peuvent pas comme eux, étourdir leur raison par de vains argumens, ils sont perpétuellement le jouet de leurs doutes. La crainte, les remords, les troubles où les jette leur incertitude vengent sans cesse la divinité outragée dans leurs cœurs.

Il est peu de personnes parmi le bas peuple qui soient souillées d’athéisme. Ce crime est plus commun chez les gens d’un haut rang. Les premiers ennemis de la divinité ont été les premiers princes du monde. Leur pouvoir & leur grandeur occasionnoit leur aveuglement. Ninus, roi des Assyriens, se vantoit de n’avoir jamais vû les étoiles