Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/358

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allié de la sainte dont vous gardez le portrait. Ainsi, je vous prie de ne point trouver mauvais que j’emporte cette statue en France, où j’aurai soin de lui faire bâtir un temple digne d’elle.

A ces mots il se saisit de sa chere cousine, & la fit transporter dans son bâtiment. En arrivant en France, il eut ordre de la cour, qui avoit été instruite de sa conduite, de renvoyer sa cousine en Espagne à ses frais & dépens : & s’il n’eût pas eu autant de protection qu’il en avoit, il eût été entiérement perdu.


Quoique l’action de cet officier François ne soit point une offense à la divinité, elle étoit toujours très-criminelle, puisqu’il manquoit à un point essentiel de sa religion, en violant le respect qu’elle l’obligeoit d’avoir pour leurs saints. Ceux qui sont nés dans une religion, & qui, la croyant véritable, en violent certains principes, & se jouent de leur foi, s’acheminent à grands pas à ce malheureux étourdissement qui conduit à l’athéisme. Un homme n’est en droit de blâmer un principe, & d’agir en conséquence, qu’autant qu’il le croit faux.

Porte-toi bien, mon cher Isaac prospere dans toutes tes affaires.

De Paris, ce…

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