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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/361

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par la prononciation de quelques mots, on peut faire changer de face aux choses humaines, en arrêter le cours, & s’attribuer une puissance égale à celle de l’auteur de la nature.

Dans toutes les religions il y a un nombre de gens qui sont avides de la réputation d’avoir commerce avec les esprits. Il en est plusieurs qui s’attribuent le droit & le pouvoir de les exiler des lieux où ils font leur résidence. Le peuple nazaréen est fort persuadé de la puissance des genres : & les prêtres de cette religion s’attribuent sur les démons un pouvoir despotique. Ils assurent qu’ils les connoissent tous par leurs noms & surnoms ; qu’ils savent quand & dans quelle occasion ils ont le droit de s’emparer de la maison, & quelquefois du corps d’un particulier. Le bas peuple & les génies foibles donnent dans tous ces égaremens à force d’entendre débiter des histoires de possession & d’obsession ; il en est plusieurs qui croient être possédés, & qui deviennent attaqués d’une folie dont on leur renouvelle sans cesse l’idée.

Tous les livres de religion, chez les nazaréens, semblent la continuation des Amadis. On n’y voit qu’enchanteurs, que sorciers, que démons, que diableries. Au jugement d’un de