Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/362

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leurs pontifes [1], la vie de leurs saints est écrite avec moins de dignité que celle des anciens philosophes payens par Diogène Laërce. Que peut dire en effet un homme de bon sens, lorsqu’il lit les folies que fait un démon pour tenter un solitaire dans le désert ?[2] Que peut-il penser lorsqu’il voit dans un autre endroit qu’un moine s’amuse à brûler avec un flambeau les pattes du démon ? [3]

Quel ridicule ne trouve-t-il pas dans une grande quantité d’autres livres, bizarre ramas de toutes les folies & extravagances que peut produire le déréglement de l’esprit humain [4] ?

Ces contes pernicieux sont approuvés par les prêtres nazaréens : ils sont même les inventeurs de la plûpart. Leur vanité est flattée de la réputation qu’ils ont de chasser ces prétendus démons. Ils composent pour leurs exorcismes, une eau dans laquelle ils mettent un peu de sel. [5]

Après plusieurs grimaces & contorsions qu’ils font sur le vase qui contient cette eau miraculeuse, ils

  1. Le cardinal Beffarion.
  2. La tentation de S. Antoine.
  3. Vie de S. Dominique.
  4. Exorcisme des religieuses de Louviers, histoire de Madeleine de la Palu, &c.
  5. L’eau-bénite.