Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/37

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ce sera un des saints illustres de la grande confrérie. Il a trouvé Mme Mirobolan en flagrant-délit avec un de ses garçons de boutique. La fureur l’a saisi : il a pris une vieille arquebuse, & a voulu la décharger sur son rival. Le fusil, plus sage & plus bénin que lui, à refusé de prendre feu. L’amant a sauté par une fenêtre dans la rue : la femme a appellé les voisins ; ils sont accourrus & ont trouvé M. Mirobolan, la rage dans les yeux, & le fusil en main, assommant sa chere moitié à coups de crosse. L’on a eu grande peine à la sauver de son courroux.

Et que fera-t-on, Monsieur, lui dis-je, à cette femme adultere ?

« Et que voulez-vous qu’on lui fasse, me répondit-il ? Elle va porter plainte contre son mari, qui, n’ayant aucun témoin de l’affront qu’il prétend avoir été fait à son honneur par le garçon de boutique, sera obligé de lui donner une pension chez ses parens, où elle va se retirer. »

Vous n’y pensez pas, repliquai-je ; vous voulez obliger un mari à payer argent comptant les infidélités de sa femme ? »

« Ce sont nos loix, me répondit-il, & nos jurisconsultes, exemples des maris débonnaires, les ont approuvées & soutenues