Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/36

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lui ; & le matin que je partis pour Paris, il me conduisit au carrosse. Nous étions quatre dans cette voiture, deux marchands, un officier & moi. A peine eûmes-nous fait deux lieues, qu’on eût dit que nous nous étions connus depuis dix ans. Ils avoient la complaisance de répondre, avec une politesse & une douceur infinies, aux questions que je leur faisois, & j’ai déjà reconnu que les François ont généralement beaucoup plus d’attention pour les étrangers dans leur pays, que lorsqu’ils sont hors de chez eux. C’est assez leur défaut, à Constantinople, de n’approuver rien que ce qui vient de France, ou que ce qu’on y fait.

A deux journées de Lyon, [1] en descendant dans l’hôtellerie, nous entendîmes un bruit étonnant, & nous vîmes beaucoup de gens assemblés devant la porte d’une maison voisine.

Nous nous informâmes de ce qui pouvoit causer cette émeute : un homme qui se trouva là, nous en apprit le sujet. « Messieurs, nous dit-il, le logis, où vous voyez tous les voisins du quartier, appartient à Mr. Mirobolan, apothicaire : il vient de se produire dans le monde d’une façon brillante ; & désormais,

  1. A Châlons sur Saône