Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de près la déclaration. La contrainte, dans laquelle elles sont retenues, leur fait profiter du premier moment. La seule vertu est la regle des filles de Sion : elles sont aussi libres en Asie, que les Européennes ; & elles y ont la sagesse des mahométanes : elles la conservent de même parmi les débordemens des pays nazaréens, sans être séduites, ni tentées par le mauvais exemple.

Ce que cet officier me disoit des femmes de son pays, me fit naître l’envie d’être instruit de leur caractere moins superficiellement. Je jugeai que les éclaircissemens qu’il me donneroit, pourroient me servir, lorsque je serois à Paris, à débrouiller plus aisément le chaos dans lequel me jetteroient des coutumes si différentes, & des mœurs si dissemblables des nôtres.

Monsieur, lui dis-je, ce que vous m’avez appris excite ma curiosité. Souffrez que, comme étranger, j’ose vous demander de me mettre un peu au fait des femmes Françoises ; & je vous aurai l’obligation d’être plus en état d’en juger par moi-même, si vous voulez bien m’en donner quelques idées générales.

« Nos femmes, me répondit-il, peuvent être distribuées en deux classes, qui contiennent toutes les autres : les femmes du monde forment la premiere, & les