Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/43

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dévotes la seconde. Leurs façons de vivre, dans deux états aussi éloignés tendent pourtant au même point ; & par des routes différentes, aboutissent à la galanterie : c’est-là le but où se réunit la différence de leur caractere. Je vais, pour vous donner des idées plus distinctes vous les faire examiner séparément. »

« Une femme du monde ne doit se lever qu’à deux ou trois heures après-midi. Comme il seroit messéant qu’elle partageât le lit de son mari, elle a son appartement séparé. Elle reste quelquefois des semaines, sans lui parler, & sans le voir, si ce n’est dans les assemblées générales, au bal, à la comédie, où l’époux a grand soin d’éviter de l’approcher, de lui parler, s’il ne veut être regardé, ou comme un petit bourgeois, ou comme un jaloux & un hypocondriaque. A peine est-elle habillée, qu’elle envoye un domestique chez la marquise, chez la baronne, chez la présidente.

« L’après-diné se passe en complimens. Cinq heures sonnent, elle est encore indéterminée si elle ira à la comédie Françoise, ou à l’Italienne. Comme elle a une partie de souper aux porcherons, ou au Port-à-l’Anglois, elle donne la