Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/48

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d’un habit, que pour la construction d’un palais superbe. Croyez-vous qu’il soit aisé de posséder l’art de grossir les épaules aux gens minces, de les rendre plattes & effacées à ceux qui les ont rondes, de donner des hanches à ceux qui n’en ont point, de ranger un panier, un pli, une manche, sous les loix de la bonne grace & du bon goût ? Ce n’est que par une longue étude, & par une méditation profonde, qu’on peut atteindre à ce degré. Il faut même que la nature, se prête à l’application ; sans quoi, l’on ne sort jamais du médiocre. Le talent de la parure est un don du ciel : beaucoup s’empressent à l’avoir ; mais peu sont assez heureux pour l’obtenir. »

J’ai ri, mon cher Isaac, d’ouir de pareilles fadaises. De quelques égaremens dont je crusse les hommes capables, je ne pensois pas qu’ils s’étendissent jusqu’au point de leur faire regarder comme une affaire sérieuse un pli de plus ou de moins. Je me suis informé d’un François qui s’occupe de quelque chose de plus essentiel que des nouvelles modes, s’il y avoit à Paris beaucoup de gens entêtés de semblables sottises ?

« Il y en a, m’a-t-il répondu,