Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/52

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à leurs opinions & à leurs mœurs qu’autant qu’elles servent à nous instruire.

Le François qui m’a parlé si raisonnablement, a fait plusieurs voyages. Il s’appelle le chevalier de Maisin. Il a été en Italie, en Egypte, & au grand Caire : Il aime le mérite par-tout où il le trouve ; & la différence de nation & de croyance n’influe point sur ses idées. Il sçait parfaitement l’Hébreu & le Grec. Je lui ai fait présent d’un manuscrit d’Homère, que j’avois apporté de Smyrne. Il fréquente ici tous les gens de lettres, & cultive les beaux arts. Il est en état de me procurer d’excellentes connoissances qui fourniront à la matière de notre correspondance philosophique.

Le petit-maître, qu’on nomme le marquis de Farfin, s’est chargé de me présenter à un nombre d’aimables femmes, & de gens du bel air. Il devoit hier me conduire à l’opéra, le spectacle étant de son département, mais il fut obligé d’aller montrer à la comédie Françoise un manchon & une ceinture d’un nouveau goût qui augmenteront de beaucoup sa réputation. Le chevalier de Maisin m’accompagna à sa place.

Je n’avois aucune idée juste de ce spectacle, qu’on appelle Académie royale de musique. Ce titre pompeux avoit en partie causé