Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

révélation. Ce que touchent les dépositaires de notre foi devient sacré dans leurs mains ; & leur ambition les portant à étendre leurs prétentions sur toutes les matieres, l’état n’a pu se sauver & se garantir des invasions de la religion, que par la différence de ses mœurs, de ses coutumes & de ses maximes. L’église excommunie tous les jours un homme pour un sujet qui le rend cher à la république, & lui fait obtenir une pension du prince. »

Ce que ce François me disoit me rappella ce que j’ai vu si souvent à Constantinople, où bien des mahométans ne se font pas scrupule de boire du vin, de ne point jeûner le Ramadan, & de manquer le pélérinage de la Mecque.

Tel est le sort des religions, qui imposent un joug insupportable, & un amas de maximes inutiles. Elles tombent dans le cas de n’être point observées. L’homme né pour la liberté, brise, à la fin, des chaînes qui le tiennent dans un esclavage qui lui ôte l’usage de la vie & de la société civile.

Porte-toi bien, mon cher Isaac. Si tu as répondu exactement à mes lettres, j’aurai bientôt une de tes réponses.

De Paris, ce…

***