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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/58

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Lettre III.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

On cultive & l’on aime les sciences dans ce pays mais l’on ne peut les pousser que jusqu’à un certain point. Les grands sujets sont défendus aux François : la cour & les prêtres, sont deux barrieres insurmontables, qui arrêtent les découvertes que pourroient produire l’étude & la méditation. Il faut qu’un métaphysicien accommode sa philosophie à la politique de l’état, & aux rêveries des moines : ou bien il est forcé de ne communiquer ses idées qu’en secret à ses plus intimes amis. Si ses sentimens éclatent dans le public, les ecclésiastiques l’excommunient, & les magistrats l’exilent ou le confinent dans une prison.

Il y a cinq à six mois, qu’un François qui s’est acquis de la réputation [1], s’avisa de rendre public un livre rempli d’opinions un peu hardies, soutenues par des raisonnemens persuasifs & rem-

  1. Voltaire.