Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/69

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Depuis ma lettre écrite, le chevalier de Maisin m’en a montré une qu’un de ses amis lui a écrite de Hollande. Je l’ai trouvée si plaisante, que je l’ai prié de vouloir m’en laisser copier une partie : & je ne doute pas qu’elle ne t’amuse beaucoup.

« Je vous ai des obligations infinies de m’avoir mis au fait de la naissance & des aventures de notre abbesse Hollandisée, la prétendue madame de J… [1].

« Je reconnois parfaitement, au portrait que vous m’en faites, que c’est cette même touriere, échappée du couvent de force, où elle avoit été mise, pour s’être évadée de son monastere avec un amant. L’indice que vous me donnez du temps qu’elle a été fille-de-chambre chez la femme du médecin Helvetius, acheve de m’en convaincre. Elle parle de lui incessamment, & le cite sans cesse comme son ami de cœur.

« En arrivant en Hollande, elle reprit son premier métier, & se mit gouvernante chez un négociant de Rotterdam.

  1. Voyez les mémoires de mademoiselle de Mainville, pages 214 & suivantes.