Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/68

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un ramas de pareilles puérilités : depuis que je suis en France, j’ai sçu que ce prélat se glorifioit d’être l’auteur d’un écrit si ridicule.

Si tu as été exact à m’écrire, je recevrai par le premier courier une de tes réponses. Il n’est pas nécessaire que je t’avertisse d’y être retenu. Je suis dans un état, où la qualité d’étranger devient suspecte en temps de guerre ; & mes lettres pourroient être interceptées. Si tu veux que je t’expose fidélement ce qui pourra transpirer jusqu’à moi & servir à la gloire de notre sainte loi, & à la connoissance des coutumes & des mœurs des pays par où je passerai, bannis de tes lettres ce qui pourroit intéresser le gouvernement des états, & la personne des souverains. Quand on pense d’une façon aussi sage que toi, dans quelque pays qu’on se trouve, on respecte ceux à qui Dieu a commis la conduite des peuples. La différence de religion ne peut servir de prétexte. Nos livres nous en ont conservé un exemple fameux dans Mardochée, attentif à garantir les jours d’Assuérus qui tenoit Israël captif.

Porte-toi bien, mon cher Isaac, & que le dieu de nos peres répande sur toi ses bienfaits en abondance.

De Paris, ce…

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