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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/75

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ils condamnent un Juif au feu, est pour eux un jour de plaisir & de triomphe.

Les rabbins, qui viendroient à Paris, n’auroient pas à craindre le même châtiment. Dans ce pays, on ne punit les gens qui sont d’une religion différente de celle du prince, qu’en les exilant du royaume : tout ce qui pourroit leur arriver, c’est qu’on leur donnât des lettres de cachet, pour aller tenir compagnie à quelques théologiens jansénistes. On appelle de ce nom certains docteurs qui veulent introduire de nouveaux dogmes. S’ils étoient en Espagne, ils n’en seroient pas quittes à si bon marché : on les traiteroit aussi cruellement que nous.

Je t’ai souvent parlé dans mes lettres précédentes du chevalier de Maisin. Il m’est dans ce pays-ci d’une grande utilité. Sans lui, il me seroit impossible de percer le chaos d’idées que produisent dans mon esprit toutes les nouveautés que je vois. Je vais t’en citer un exemple.

Quoique je ne me fisse aucune peine d’entrer dans l’église des nazaréens, ayant résolu de voir tout par moi-même, ce fut sans le sçavoir que je m’y trouvai hier. Je passai dans une rue peu fréquentée. Je vis une salle, dont la porte étoit ouverte, où chacun parloit &