Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/81

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commun, & qui se laissent conduire par un nombre de demi-sçavans & d’esprits-faux, toujours ennemis du mérite & des bonnes choses. Pour balancer ces Zoïles modernes, & étouffer leurs critiques, on leur oppose ces battemens, & ces applaudissemens qui entraînent le public ignorant, le préviennent, & lui font croire excellent ce que souvent il auroit trouvé mauvais sur la foi des autres, & sans le connoître. »

Mais, lui dis-je,lorsqu’on veut critiquer un ouvrage, & le rendre méprisable, il faut qu’il ait des défauts essentiels. Quelque porté qu’on soit à ne rien approuver, que peut-on dire d’un bon ouvrage ?

« Ce qu’on en dit, reprit le chevalier de Maisin ? Qu’il ne vaut rien. On n’entre point dans le détail : on se contente de crier qu’il est détestable, abominable, mal écrit, rempli de pensées usées. Si quelqu’un veut entrer en matiere, & demander ce qu’on trouve de mauvais, on redit encore que tout est détestable, abominable & mal écrit. L’homme d’esprit leve les épaules, & gémit de voir le sçavant en butte à l’ignorant, qui, à force de crier, entraîne tous ses pareils »