Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/84

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du monde. On débite ici, deux fois par semaine, un papier imprimé, dans lequel sont écrits les principaux événements journaliers. Celui qui compose cet écrit, est en relation avec des gens de toutes les nations : & de son cabinet, il sçait ce qui se passe à Ispahan. Il est vrai qu’il est quelquefois trompé par ses correspondans, & qu’il trompe à son tour le public ; mais lorsqu’il a donné une nouvelle fausse, & qu’il la reconnoît pour telle dans la suite, il a la bonne foi d’avouer son erreur.

On a encore un nombre infini de feuilles volantes de cette espèce. Les unes roulent sur la littérature, les autres sur la politique, quelques-unes sur la galanterie. Ces dernieres sont assez à la mode : elles sont du goût des femmes & des abbés. Celles qui traitent de littérature ont moins de vogue ; mais elles ne laissent pas d’être goûtées. Les plus ridicules sont celles que font certains politiques qui veulent connoître à fond les intérêts des princes. L’empereur n’a rien de caché pour eux. Le roi de France leur communique tous ses secrets. Ils donnent avis à un tel prince d’Allemagne, de prendre garde à ne point signer un traité qui pourroit lui être contraire : ils invitent un