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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/85

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autre à y accéder. Il ne se fait pas le moindre mouvement dans une cour dont ils ne sçachent les ressorts cachés. Tu te tromperois si tu croyois que les auteurs qui travaillent à ces écrits politiques, fussent des gens nourris dans les affaires d’état, élevés dans le ministère, ou ayant du moins quelque correspondance avec ceux qui l’exercent. Ils sont nés dans une condition qui les en éloigne, & n’ont d’autre certitude de leurs discours que quelques raisonnemens vagues & quelques préjugés peu décisifs, auxquels ils joignent les idées qu’ils se sont forgées.

Il y a encore des ouvrages plus considérables qu’on débite, les uns tous les trois mois, d’autres tous les six. On appelle ces livres des journaux : il y en a deux ou trois qui méritent d’être là. Celui qu’on nomme journal des sçavans a été digne de l’estime des connoisseurs. Mais il y a tant de ces sortes d’ouvrages, que peu s’en faut qu’ils ne surpassent le nombre des auteurs. On peut regarder ces sortes d’écrits comme des crieurs publics, payés par les libraires, pour louer les livres qu’ils impriment, & pour en faciliter le débit, en prévenant le public. Chaque libraire a un journaliste à ses gages, qui loue les ouvrages qu’il débite, &