Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/89

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qu’ils n’avoient pu juger légitimement cette question, parce qu’ils avoient donné leurs voix séparément, & chacun dans son pays [1].

Les autres se sont récriés sur une proposition si extraordinaire. Ils ont dit, que leurs ennemis ne demandoient cette assemblée, dont la tenue étoit impossible, que pour avoir un prétexte de soutenir leur erreur ; & qu’il étoit aisé de voir, qu’un homme ne changeoit point d’opinion, parce qu’il étoit obligé de faire un voyage.

Le ministère, ennuyé de toutes ces disputes, ordonna aux deux partis de se taire. Ils n’obéirent ni l’un ni l’autre ; & pour colorer leur désobéissance, ils s’aviserent d’un plaisant expédient. Ils s’accuserent mutuellement d’être mauvais sujets, ennemis de l’état & rebelles au roi ; & sous prétexte de défendre les intérêts du prince, ils s’attaquerent plus vivement que jamais. La paix, & l’inaction dans laquelle étoient les François, dont le génie est naturellement amoureux de la nouveauté, fit prendre parti à bien des gens dans cette querelle. Les suites en devenoient dangereuses pour l’état ; mais la guerre, & la punition de quelques-

  1. Diocèse.