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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/94

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qu’elle fût d’une semblable vision, elle voulut éviter le scandale. Elle ordonna d’un ton de maîtresse d’ouvrir, menaçant d’appeller du monde, & de faire enfoncer la porte. Le moine vint d’une maniere pieuse l’ouvrir, & baissant les yeux en terre,

Madame, lui dit-il, excusez : je ne voulais point interrompre le sacrement de pénitence ; & j’en étois à l’absolvo lorsque vous avez appellé Jeanneton.

……Mon pere, dit la jeune dame, vous serez moins contraints à l’avenir. Sortez de ma maison, & gardez-vous d’y paroître jamais, ni l’un ni l’autre.

Tu aurois cru, mon cher Isaac, que ce moine eût dû s’estimer heureux d’être sorti d’un pareil embarras. Il voulut se venger de l’affront qu’il croyoit avoir reçu. Jeanneton lui avoit dit que le chevalier D… étoit amoureux de sa maîtresse. Il écrivit à son mari une lettre anonyme, remplie d’impostures, dans laquelle il lui en donnoit avis. On sut dans la suite qu’il étoit l’auteur de la lettre : & la dame, plus prudente, négligea de le punir, ne voulant point que cette affaire transpirât dans le public.

De Paris, ce…

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