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Lettre VI.

Jacob Brito à Aaron Monceca.

Je t’adresse ma lettre à Paris, parce que je ne doute pas que tu n’y sois arrivé, depuis le tems que tu m’as écrit de Marseille. Un voyage que j’ai été obligé de faire à Rome, où je suis encore, m’a empêché de m’acquitter des commissions dont tu m’avois chargé de la part d’Isaac Onis. D’abord que je serai retourné à Genes, où je n’ai pu rester que quelques jours, j’expédierai ce qu’il m’a demandé, & le lui enverrai par le même bâtiment qui m’a amené de Constantinople. Si ce que tu vois en France, te surprend autant que la plupart des choses qui s’offrent ici à mes yeux, je ne doute pas que nous ne profitions beaucoup en nous communiquant nos réflexions.

Cette ville n’est presque peuplée que de trois sortes de gens, de moines, de peintres & de courtisannes. On trouve aussi rarement dans Rome un cordonnier, un tailleur & un marchand, qu’un prêtre & une fille publique dans les autres pays. Les docteurs nazaréens