Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/97

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ordinaire. On met tout à profit. Puisqu’on vend les honneurs & les dignités de l’autre monde, juge ce qu’on doit faire des charges & des emplois de celui-ci.

J’ai trouvé entre le gouvernement de Rome & celui de Constantinople, une ressemblance marquée. Dès qu’un grand visir est élevé en dignité, toutes les créatures de son prédécesseur sont déplacées, & souvent disgraciées : il donne & vend tous les emplois. Il en est de même ici. A peine un pontife est-il expiré, que ses neveux n’ont plus de crédit. Les parens du nouveau prennent les rênes du gouvernement, vendent & donnent les charges. Le vizir contraint les bachas de lui faire des présens considérables. Les bachas se récompensent sur les simples gouverneurs de villes, & les gouverneurs de villes pillent & pressent le peuple. Le Souverain pontife exige un tribut des pontifes [1] : ceux-ci mettent des taxes considérables sur les simples prêtres, & les prêtres font payer aux peuples jusqu’à la terre qui leur sert de sépulture.

Je vais pousser plus loin ce parallele, & tu le trouveras aussi vrai. Lorsque le grand-seigneur veut avoir de l’argent,

  1. Les bulles des évêchés.