Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/130

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verroient que, bien loin que la divinité ait été offensée de l’exil & de la proscription de ces fainéans, elle a répandu dans ces royaumes l’abondance & la richesse. Considère, mon cher Isaac, combien d’enfans naîtroient de tout ces moines, si l’un étoit cordonnier, l’autre tailleur, l’autre boulanger, &c. Le même arrêt qui les aboliroit, détruiroit aussi la prison d’un nombre de filles ; & dans quinze ans le royaume seroit peuplé d’un tiers de plus. Les François, qui font usage de leur raison, connoissent l’abus des couvens & des monastères ; mais ils le regardent comme une vieille erreur consacrée sous le voile de la religion, soutenue par les superstitions & protégée par le souverain pontife.

Les différens ordres monastiques sont autant de différens régimens qui lui sont soumis, & qu’ils met en garnison dans les pays nazaréens qui sont de sa croyance. A l’aide de ces troupes, qui ont leurs différens uniformes, leurs colonels, leurs capitaines & même leurs drapeaux [1], il a souvent ébranlé le trône des plus puissans rois, & porté la mort dans leur sein, au milieu de leur cour & de leur armée.

  1. Les bannières.