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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/184

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Les Piémontois ont d’aussi excellens symphonistes, qu’ils ont de méprisables chanteurs. Cependant comme cette nation est riche en bonne opinion, elle a peine à convenir de ce fait.

La peinture à Turin est aimée & chérie de même que dans tout le reste de l’Italie. Actuellement, il n’y a que des barbouilleurs dans cette ville, si l’on en excepte un nommé Beaumont, peintre du roi de Sardaigne. Il colorie assez passablement, & dessine correctement : mais il est froid, peu sçavant dans l’histoire, prévenu pour ses ouvrages, qui sont fort au-dessous de la perfection où il croit les mettre.

Il y avoit, il y quelque tems, dans ce pays un peintre appellé le chevalier Daniel, Flamand de naissance, bon coloriste, ainsi que le sont ceux de son pays, & meilleur dessinateur qu’eux. Il est mort depuis quelque tems. Ce Beaumont, dont je viens de te parler, a eu la place qu’il occupoit.

En général, les Piémontois aiment assez les beaux arts ; mais ils sont fort ignorans dans les sciences, ainsi que je te l’ai déja dit dans mes premières lettres. Quand ou leur parle des divers sçavans de l’Europe, ils demandent s’ils sont bons catholiques. Si l’on s’avise de leur dire qu’ils sont Arminiens, réformés, jansénistes, juifs ;