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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/193

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Un docteur de ces derniers tems étoit tenté toutes les fois qu’il lisoit la belle mort de ce philosophe de le mettre au nombre des bienheureux nazaréens. Il avoue qu’il avoit une peine infinie à s’empêcher de dire, S. Socrate, priez pour nous. [1]

Combien de nobles, de princes & de généraux vivoient du tems de ce grand-homme, qui nous sont entièrement inconnus ? Combien sont parvenus jusqu’à nous, à qui nous n’accordons ni notre estime, ni notre attention ?

Crois-moi, mon cher Brito, quelque chose que publie l’ignorance, l’étude est le vrai chemin pour parvenir à la postérité la plus reculée. [2]

  1. Vix tempero quin dicam Sancte Socrates, ora pro nobis. Erasmus in Colloquiis.
  2. « Par l’étude, dit un ancien, le philosophe devient plus sage ; le guerrier plus intrépide, & plus expérimenté ; le souverain apprend à gouverner avec équité ; & il n’est personne dans l’univers, en quelque rang que la fortune l’ait placé, à qui l’étude des sciences ne communique & ne donne de nouvelles perfections : « Desiderabilis eruditio litterarum, quoe naturam laudabilem eximiè reddit ornatam. Ibi prudens invenit unde sapientior fiat. Ibi bellator reperit unde animi virtute roboretur. Inde princeps accipit quemadmodum populos sub aequitate componat. Nec a1iqua in mundo potest esse fortuna, quam litterarum non augeat gloriosa notitia. Cassiodot. Vat. Libr.I. pag.3.