Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ennemis. Ce qu’il y a plus surprenant dans toutes les actions & les démarches du roi Théodore, c’est que l’argent ne lui manque point. Avant qu’il fût arrivé dans la Corse,

La nature marâtre, en ces affreux climats, Produisoit, au lieu d’or, du fer & des soldats. [1]

Aujourd’hui il n’est point de montagnard Corse qui ne manie quelque piéce d’or.

Celles qui roulent le plus dans cette isle, sont des séquins, des mirlitons & des lisbonines. Le sage enchanteur qui protège l’aventurier chevalier errant, ne laisse point manquer d’espèces, & prend un soin tout particulier des affaires du nouveau roi. Toute l’Europe est actuellement aussi embarrassée pour connoître ce fameux magicien, qu’elle l’étoit dans le commencement pour sçavoir la véritable origine du seigneur Théodore. Les uns disoient que c’étoit le prince Ragotski, les autres le duc de Ripperda ; & fondoient leurs opinions sur ce qu’on publioit que le seigneur Théodore entendoit trois messes par jour. Je trouve que cette circonstance pouvoit convenir

  1. Crébillon, dans Radamiste & Zénobie.