Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/298

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les autres de suivre l’exemple de ces premiers.

Notre nation n’est pas la seule, mon cher Isaac, qui ait été abusée par des imposteurs. Quel est le royaume, quelle est la religion qui n’ait pas produit des enfans séducteurs ? Les nazaréens ne doivent point nous reprocher nos faux Messies. N’ont-ils pas tous les jours parmi eux des gens, qui sous le prétexte de la religion, & sous le voile de la piété, les jettent dans les plus grands égaremens ? Sabataï Sévi n’a jamais fait autant d’impression sur l’esprit des juifs, que S. Paris sur celui des François. Aucun Israëlite n’a jamais poussé l’erreur & l’aveuglement jusqu’à prendre des accès de fanatisme pour des marques visibles de la grace de Dieu, qui se sert d’une troupe de fous, pour annoncer ces saintes volontés. Nous avons cru quelquefois à des hommes qui nous promettoient des choses qui nous flattoient : nous les avons aidés nous-mêmes à nous tromper, par le plaisir que nous donnoit leur doctrine. Mais ceux qui séduisent les nazaréens, ne leur annoncent que des maux & des infortunes : tous les convulsionnaires de Paris prédisent la fin du monde, le détrônement des pontifes, le renversement des états. Il avoit bien du penchant