Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/300

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ne plus parler du diablotin : il fit même comprendre à ce dernier, qu’il répondroit des sottises du premier. Depuis ce tems-là l’esprit a décampé. Ce marchand rejette à présent sur les rats ce qu’il attribuoit d’abord à cette substance invisible.

Les nazaréens papistes prétendent que ce diable étoit un de ceux qui sont d’un tempérament beaucoup plus doux que les autres ; sans quoi toute l’autorité du magistrat ne l’eût point exilé. Ils disent qu’il est une sorte d’esprit très-aisé à conjurer, & que, sans avoir recours au rituel, un air d’opéra de Quinault vaut autant qu’un exorcisme de l’église. Ils citent à cette occasion un certain Ignace de Loyola, qui, pour chasser le démon du corps d’une femme possédée qui le prioit de la secourir, se servit de ce vers de Virgile :

La reine et le Troyen dans la même caverne. [1]

A peine l’eût-il prononcé, que la femme fut renversée par terre ; & que le diable la quitta, & demanda pour toute grace de n’être point enfermé dans la caverne infernale. Il obtint la permission

  1. Speluncam Dido dux & Trojanus eusdem.