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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/312

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à Rome dans laquelle ils passent d’heureux momens.

Les légats ou ambassadeurs du souverain pontife sont sujets à faire naître des troubles, & à fomenter des divisions dans les états où leur maître les envoie. L’abominable journée de la S. Barthelemi, fut la suite des pernicieux conseils d’un légat [1], envoyé à Charles IX roi de France. Ce roi conclut, avec ce perfide ambassadeur la mort du roi de Navarre [2] & de tous les nazaréens non-papistes.

Ce légat Romain ne vouloit point qu’on se servît du prétexte du mariage de ce prince avec la princesse Marguerite ; mais, Charles IX lui ayant fait connoître que c’étoit un moyen certain pour se venger de leurs ennemis, il y consentit sans balancer : tout étoit bon & permis, pourvu qu’on pût égorger les adversaires de la cour de Rome.

Quelques nazaréens, à qui j’ai parlé de cette action, ont voulu en excuser le légat & la rejetter sur le roi. Mais, ce fait est autentiquement prouvé par un auteur irréprochable, & qui le sçavoit par

  1. Le cardinal Alexandrin.
  2. Qui fut depuis Henri IV, roi de France.