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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/313

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des gens qui y avoient eu part. [1]

Est-il rien de si affreux, mon cher Monceca, que de faire servir au meurtre & au carnage, les choses les plus sacrées, & de couvrir, sous le voile de l’amitié & de la parenté, les desseins les plus pernicieux ? Quel hymen, juste Dieu, que celui du roi de Navarre ! les furies en allumèrent le flambeau ; l’horreur, la rage, la cruauté, le désespoir, l’impiété, y présidèrent. Je ne veux, dit Charles IX au légat, conclure le mariage avec le roi de Navarre pour autre chose que pour me venger de mes ennemis…et pour châtier de si grands rebelles.

Ce roi, avide du sang de ses sujets, voulut donner à ce perfide ambassadeur une bague pour l’assurance du crime qu’il méditoit. Il refusa, dit un historien Italien, de prendre des gages pour l’assurance de la parole d’un si grand roi. Mais, après la journée de la S. Barthelemi, Charles IX lui envoya cette bague, pour marque de la foi de ses sermens. [2]

  1. Ajoûta sa sainteté, que lorsque la nouvelle de la S. Bartelemi vint à Rome, ledit cardinal Alexandrin dit : Loué soit Dieu ! le roi de France m’a tenu sa promesse ! Disoit sa sainteté sçavoir tout ceci, pour ce qu’elle étoit lors auditeur dudit cardinal, & fut avec lui en tout le voyage. Lettre du cardinal d’Ossat, datée de Rome du 22 Sept. 1599.
  2. Vie du pape Pie V. par Girolamo Catena, écrite en Italien, & imprimée à Rome, par Alefs Gordano, en 1588. Catena dit que Charles IX fit graver sur la bague cette devise : Nec pietas possit mea sanguine solvi.