Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/321

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Je lui ai des obligations infinies : il m’aide tous les jours à connoître parfaitement sa nation, & m’éclaircit jusqu’aux moindres difficultés. Il me conduisit hier chez un auteur de ses amis, qui passe pour une des meilleures plumes de France. Nous le trouvâmes avec deux autres auteurs, ils paroissoient tous les trois fort échauffés à disputer. A peine nous apperçurent-ils lorsque nous entrâmes dans la chambre. Cependant, le chevalier de Maisin m’ayant présenté à son ami, les trois sçavans calmerent leur vivacité & commencerent à s’appercevoir que nous étions avec eux. Après les premières civilités, le chevalier de Maisin fut curieux de sçavoir le sujet de la dispute de ces auteurs. « Messieurs, leur dit-il, pourroit-on vous demander quelle est la question que vous agitez ? Roule-t-elle sur la métaphysique, sur les mathématiques, sur la physique ? Elle regarde la librairie, dit l’ami du chevalier, & par conséquent, est bien plus importante à la république des lettres. Car, la chose la plus utile & la plus essentielle aux sçavans, est le moyen de pouvoir vivre.

« C’est pourtant ce à quoi s’opposent les libraires : & si l’état ne fait un réglement