Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/359

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qu’ils les ont forcés à se contraindre & à changer leur genre de vie.

Les Napolitains aimoient beaucoup autrefois les Espagnols, ils abhorroient les François, & haïssoient les Allemands. Il semble que leur façon de penser soit changée en partie. Depuis cette dernière guerre, ils en ont donné plusieurs marques ; & quant à présent, je crois qu’on peut dire qu’ils abhorrent toujours les François, aiment les Allemands, & haïssent les Espagnols. C’est assez-là le goût de toute l’Italie ; & je ne puis comprendre ce qui a acquis aux Allemands l’amitié de ce pays.

Je conçois comment un officier Allemand est plus aimé d’un Italien qu’un officier François. Ce premier se contente de boire le vin de son hôte, de s’emparer du meilleur appartement qu’il y ait dans la maison, sans beaucoup de cérémonie. Le François, au contraire, fait mille courbettes, couche au grenier, s’il le faut, mange le peu d’argent qu’il a en festins & en présens ; mais il cajole les femmes : & c’est-là un crime capital parmi les Italiens. Ils n’ont point le même sujet de haine contre les Espagnols. Leurs humeurs même sympatisent assez ensemble, bigots, également soumis