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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/50

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mais on ne retiroit d’autre profit de leur lecture, que de se nourrir l’esprit de chimères, qui souvent devenoient nuisibles. Les jeunes gens avaloient à long traits toutes les idées vagues & gigantesques de ces héros inventés : & les génies habitués à des imaginations outrées, ne goûtoient plus le vraisemblable. Depuis quelque tems on a changé cette façon de penser : le bon goût est revenu ; au lieu du surnaturel on veut du raisonnable ; & à la place d’un nombre d’incidens qui surchargeoient les moindres faits, on demande une narration simple, vive & soutenue par des portraits qui nous présentent l’agréable & l’utile.

Quelques auteurs ont écrit dans ce goût, & ont approché plus ou moins de la perfection, selon qu’ils ont plus ou moins imité la nature. [1]

Il en est d’autres qui poussent les choses à l’extrême : à force de vouloir paroître naturels, ils sont devenus bas & rampans, & n’ont eu ni le talent de plaire, ni celui d’instruire. [2]

Quelques-uns [3] ont eu recours à

  1. Prévôt d’Exiles. Voyez la Bibliothèque des Romans.
  2. Histoire du chevalier des Essars & de la comtesse de Merci, &c.
  3. Fanférédin, & autres.