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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/57

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vouloir les rendre éternellement malheureux : Etoient-ils les maîtres de naître de la race de Jacob ; & doivent-ils porter la peine d’une chose qui n’a pas dépendu d’eux ? Tu répondras peut-être que nous ne connoissons pas les immenses secrets de Dieu ; qu’il n’appartient pas à une créature finie de vouloir fonder les mystères profonds de l’infini. Mais cette question n’est point un mystère. Elle est aussi évidente que notre existence, & aussi facile à démontrer.


Je ne crois pas que tu nies ce principe que Dieu étant la souveraine bonté & la souveraine justice, rien n’est bon, rien n’est juste, qu’autant qu’il approche & qu’il ressemble à sa justice & à sa bonté. Je vais encore t’établir un second principe aussi certain que le premier. Notre raison est un don de Dieu qui ne sçauroit nous tromper. C’est un présent qu’il nous fait, pour nous donner le moyen de le connoître & de le servir. Si cette raison, dans les choses les plus évidentes, nous égaroit, Dieu nous tromperoit : ce qui ne peut se soutenir, Dieu étant la vérité même. [1]

  1. Nunc circumspiciam diligentius an forte adhuc apud me alia sint ad quae nondum respexi. Sum certus me esse rem cogitantem, nunquid ergo etiam scio quid rrequiratur ut de aliquâ eâ re sim certus ? Nempe in hac prima cognitione nihil aliud est, quàm clara quoedam & distincta perceptio ejus quod affirmo ; quoe sanè non sufficeret ad me certum de rei veritate reddendum, si posset unquam contingere ut aliquid ita clarè & distinctè perciperem falsum esset. Ac proinde jam videor pro regulâ generali posse statuere, illud omne esse verum, quod valde clarè & distinctè percipio. Descartes, Meditationes de prima philosopha, &c. Med. III. pag. 15. Edit. Amstelodam.