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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/58

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Or, cette raison m’apprend & me démontre clairement que la justice ne peut souffrir qu’on soit puni d’un crime involontaire, & auquel on n’a aucune part. [1]

En vain l’on m’objectera que les idées que j’ai de la justice me trompent.

  1. « Le premier des attributs (de Dieu) qui semble devoir être ici considéré, consiste en ce qu’il est très-véritable, & la source de toute lumière ; de sorte qu’il n’est pas possible qu’il nous trompe, c’est-à-dire, qu’il soit directement la cause des erreurs auxquelles nous sommes sujets, que nous expérimentons en nous-mêmes. Car, encore que l’adresse à pouvoir tromper semble être une marque de subtilité d’esprit entre les hommes, néanmoins la volonté de tromper jamais ne procéde que de malice ou de crainte & de foiblesse, & par conséquent ne peut être attribué à Dieu. D’où il s’ensuit que la faculté de connoître qu’il nous a donnée, n’apperçoit aucun objet qui ne soit vrai, en ce qu’elle apperçoit, c’est-à-dire, en ce qu’elle connoît clairement & distinctement ; parce que nous aurions sujet de croire que Dieu seroit trompeur, s’il nous l’avoit donnée telle que prissions le faux pour le vrai,lorsque nous en usons bien. » Principes de la philosophie de René me Descartes, I. part. pag. 23 & 24.