Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/69

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très-au-long de ce fait, & fortifie le sentiment des autres auteurs. [1]

Nous devrions donc avoir moins de vanité ; & loin de mépriser les autres nations, à cause des biens que Dieu a répandus sur la nôtre, nous ressouvenir que c’est une marque de sa souveraine bonté, qui soutient l’humble & abaisse le puissant. Ainsi Dieu pour montrer la grandeur de sa clémence, a voulu choisir parmi les peuples les plus vils & les plus ingrats, comme les fautes &

  1. Plurimi auctores consenciunt, ortâ per Egyptum Tabe, quoe corpora faedaret, regem Bocchorim adito Hammonis oraculo remedium petentem, purgare regnum, & id genus hominum, ut invisum Deis alias in terras avehere jussum. Sic conquisitum collectumque vulgus, postquam vastis locis relictum sit, coeteris, per lachrimas torpentibus, Moysem unum exsulum monuisse, nequam Deorum hominum ve opem expectarent, ab utriusque deserti, sed sibimet ut duci coelesti crederent, primo cujus auxilio credentes praesentes miserias pepulissent. Tacit. hist. lib. V. C’est-à-dire : « Les historiens s’accordent presque tous en ce point que l’Egypte étant infectée de ladrerie, le roi Bocchoris, par l’avis de l’oracle d’Ammon, les chassa de son païs comme une multitude inutile & odieuse à la divinité. Ils ajoûtent que, comme ils étoient épars par les déserts, & avoient perdu tout courage, Moïse, un de leurs chefs, leur conseilla de n’attendre aucun secours des dieux ni des hommes qui les avoient abandonnés & mais de le suivre comme un guide céleste, qui les tireroit de danger. » Je me sers de la traduction de Perrot d’Ablancourt.