Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/77

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le plus habile des botanistes ; tous ces génies illustres ont pris naissance dans cette contrée à-peu-près dans le même tems. On a toujours cultivé les sciences dans cette province ; & c’est de son sein qu’elles ont transpiré dans le reste de la France. Les troubadours, conteurs, chanteurs, jongleurs, joueurs, s’assembloient à la cour des comtes de Provence. C’est-là où ils exerçoient les jeux spirituels dont ils étoient les inventeurs, qu’on appelloit les Sirvantes, les Tensons & la cour d’Amour. Les autres peuples des Gaules, jaloux des avantages des Provençaux, voulurent y avoir part : ils apprirent des troubadours à faire des vers & des chansons ; & Thibaud, comte de Champagne, qui les attira dans sa cour, se signala dans ce genre de poësie. Il aimoit infiniment la reine Blanche, mere de Louis IX. que les nazaréens regardent comme saint. Son amour vit encore dans les chansons qu’il fit pour elle.

On estima bientôt à un tel point par toute la France les troubadours, les jongleurs & les chanteurs, qu’on voulut leur faciliter tous les moyens pour y voyager commodément, & leur procurer des avantages, pour les engager à y fixer leur demeure. Louis fit une ordonnance,