Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/84

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faire des hommes à coups de plume.

Il a fait une exacte supputation des fils, petits-fils, arrière-petits-fils, &c. que quatre hommes pouvoient avoir dans deux cent cinquante ans : & il a produit deux cent soixante-huit milliars, sept cent dix-neuf millions de personnes, c’est-à-dire, beaucoup plus qu’il n’en faudroit pour peupler cinq ou six mondes comme le nôtre. Son calcul arithmétique n’a point persuadé ses adversaires. Ils ont dit qu’on ne faisoit pas les hommes en réalité comme on les fait à coups de plume ; & qu’on voyoit bien qu’il étoit bien peu expert dans ce métier. Ils ont objecté que « suivant les écritures, les hommes n’avoient des enfans que très-tard ; qu’il paroissoit même qu’ils n’en avoient pas un grand nombre : ainsi que ces peuplades, aisées à produire sur le papier, étoient impossibles dans la réalité. »

« Ils ajoûtent qu’on regardoit comme un miracle la multiplication que les Israëlites firent en deux cent cinquante ans dans l’Egypte, dont il sortit six cent mille combattans, qui prenoient leur origine de soixante & dix hommes qui s’établirent dans ce pays avec le patriarche Jacob ; & que ce miracle étoit cependant bien au-dessous de cette multiplication qu’on prétend