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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/85

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s’être faite dans l’espace de deux cent soixante ans par quatre personnes. »

Ces difficultés insurmontables ont jetté dans l’erreur plusieurs de ceux qui se sont attachés à vouloire les surmonter. Ils ont cru que le déluge n’avoit point été universel ; & que Dieu voulant punir seulement les péchés de cette race ingrate qu’il avoit choisie préférablement aux autres, pour satisfaire sa justice, avoit inondé le pays qu’elle habitoit. Un célèbre auteur moderne [1] fait remonter plusieurs monarchies avant le déluge, & ne s’éloigne pas de ce sentiment, que plusieurs autres ont soutenu par des raisons physiques & expérimentales.

Ils prétendent qu’il est impossible qu’il puisse arriver dans l’état présent de la terre un déluge qui couvre de quinze coudées la cime des plus hautes montagnes.La mer, prise en général, disent-ils, n’a guère plus de trois cent pas de profondeur. Les montagnes les plus élevées, comme le Mont-Gordien ou d’Ararat, ne surpassent point de trois mille pas la surface de la mer. Ainsi, sans compter que la capacité du globe s’élargit à mesure qu’il s’éleve, il faudroit douze ou quinze fois autant d’eau que la terre, dans la quantité

  1. Scaliger.